dimanche 26 janvier 2014

Nico Müller pilote d'usine Audi en DTM


Nico Müller a fêté sa nomination chez Audi samedi 25 janvier

Le très talentueux pilote bernois Nico Müller a été félicité sur
les écrans géants du Barstreet Festival. (Photo Laurent Missbauer)

Par Laurent Missbauer

C’est en présence de ses supporters, donateurs, sponsors et représentants de la presse que le grand talent bernois Nico Müller a fêté samedi soir 25 janvier l’officialisation de son contrat de pilote d’usine Audi dans le très relevé DTM, un des plus importants championnats de voitures de tourisme en Europe et même au monde puisque le calendrier 2014 comprendra deux épreuves en dehors de l’Union européenne, la première en Russie, le 13 juillet à Moscou, et la seconde en Chine, le 28 septembre à Guangzhou*. Aux yeux de nombreux spécialistes de sport automobile, le DTM est même l’une des compétitions les plus professionnelles – grâce notamment à la présence des trois constructeurs Audi, Mercedes et BMW – et les plus suivies au monde. Sous nos latitudes, sa couverture télévisée et sa popularité ne sont en effet dépassées que par celles de la Formule 1.

Victorieux l’année passée en Formula Renault 3.5** aussi bien en ouverture du Grand-Prix de F1 de Monaco que sur le circuit de F1 du Hungaroring, Nico Müller n’avait pas manqué d’intéresser plusieurs responsables d’écuries, notamment par son talent, sa vitesse et son professionnalisme. Il les avait d’autant plus intéressés qu’il s’était brillamment imposé en Hongrie avec respectivement 26 et 30 secondes d’avance sur le Danois Kevin Magnussen (2e) et le Russe Sergey Sirotkin (3e). Si Magnussen et Sirotkin ont tous les deux été promus cette année en F1, le premier nommé en tant que coéquipier de Jenson Button chez McLaren et le second en tant que pilote d’essais chez Sauber, Nico Müller pilotera en DTM une Audi RS 5 au sein de l’Audi Sport Team Rosberg de l’ancien champion du monde de F1 Keke Rosberg. 

Nico Müller, pilote d'usine Audi en DTM
pour la saison 2014. (Photo Audi)
Il s’agit là d’une promotion incontestable. Nico Müller n’a en effet pas seulement été libéré de la contrainte de rechercher des budgets astronomiques sans lesquels toute carrière en monoplace ne peut être envisagée, mais il a également été intégré au sein d’un championnat qui est extrêmement relevé et qui, dans plusieurs cas, a même constitué un tremplin vers le championnat du monde d’endurance ou même vers la Formule 1. Sans même remonter à Nicola Larini qui avait remplacé Jean Alesi chez Ferrari en 1994 après avoir remporté le DTM la saison précédente, on rappellera que le Néerlandais Christian Albers, 2e et 3e des saisons 2003 et 2004 du DTM, avait été promu en F1 en 2005. Même constat pour l’Ecossais Paul di Resta qui, après avoir remporté le championnat DTM en 2010 avec Mercedes, avait débuté en F1 l’année suivante chez Force India. Avec, comme points culminants, deux 4e places, la première à Singapour en 2012 sur les talons de Fernando Alonso, et la seconde, à Bahreïn en 2013, à deux petites secondes du Genevois Romain Grosjean, 3e derrière Kimi Raikkonen et Sebastian Vettel.

C’est ce même Paul di Resta que Nico Müller affrontera désormais en DTM. Las de ne pas être en mesure de se battre pour la victoire en F1 avec Force India, le pilote écossais défendra à nouveau les couleurs de Mercedes en DTM cette année. Paul di Resta a qualifié le DTM de «championnat exceptionnel qui ne réunit pas seulement trois marques premium particulièrement fortes, mais également un plateau très compétitif de pilotes». «J’ai hâte de me retrouver au départ de la première course le 4 mai à Hockenheim», a déclaré Paul di Resta. Nico Müller a lui aussi hâte de disputer sa première course en DTM, ne serait-ce que pour remercier ses nouveaux employeurs de la confiance témoignée à son égard et des propos élogieux qui ont accompagné sa nomination au sein de l’équipe d’usine Audi.

Dr. Wolfgang Ullrich, le grand patron
d'Audi Motorsport. (Photo Audi)
Dr. Wolfgang Ullrich, directeur général d’Audi Motorsport: «Nous suivions la carrière de Nico Müller depuis un certain temps déjà. Les quelques centaines de kilomètres effectuées au volant de l’une de nos voitures de DTM nous ont cependant laissé une excellente impression et nous ont pleinement convaincus. Je suis certain qu’il ne lui faudra pas beaucoup de temps pour combler le départ de Filipe Albuquerque qui s’alignera désormais dans le championnat du monde d’endurance (Ndlr.: la même série où évolue le Schwytzois Marcel Fässler, vainqueur des 24 Heures du Mans avec Audi aussi bien en 2011 qu’en 2012) ainsi qu’en GT.»

Dieter Gass, à droite, avec le pilote
suisse Marcel Fässler. (Photo Audi
Dieter Gass, directeur du programme DTM chez Audi Motorsport: «Nico Müller constitue un véritable enrichissement pour le championnat DTM. Tant sa vitesse que sa personnalité cadrent par ailleurs parfaitement avec Audi. J’ai beaucoup d’estime pour lui et je pense qu’il sera parfaitement en mesure de créer l’une ou l’autre surprise même s’il n’en sera qu’à sa première saison en DTM
Nico Müller, pilote d'usine Audi en DTM. (Photo Audi)
Nico Müller: «Déjà lorsque j’étais enfant, j’avais l’habitude de suivre les courses de DTM à la télévision. J'ai ainsi toujours rêvé de me retrouver un beau jour au volant d’une de ces formidables voitures de course. Ce rêve est devenu encore plus fort après avoir eu l’opportunité d’essayer l’Audi RS 5 DTM sur le Red Bull Ring l'été passé. Le DTM fait partie des championnats les plus professionnels et les plus populaires au monde et n’importe quel pilote aimerait y être partie prenante. Du coup, c’est un très grand honneur pour moi qu’Audi m’ait fait confiance et m’ait engagé en tant que pilote d'usine. Le niveau des courses est tellement élevé que mon premier but sera tout d’abord d’apprendre et de trouver rapidement mes marques afin de me glisser à l’une ou l’autre occasion parmi les dix premiers.»

La très grande compétitivité du championnat DTM est soulignée par les difficultés qu’a eues l’ancien pilote de F1 David Coulthard. Malgré le fait qu’il ait remporté 13 grands-prix de F1, il n’est parvenu à se glisser qu’une seule fois parmi les dix premiers – 8e à Shanghaï – lors de sa première saison en DTM en 2010, saison qu’il a terminée à une modeste 16e place. Et les deux années suivantes, en 2011 et 2012, ne lui ont pas permis de connaître beaucoup plus de réussite avec respectivement une nouvelle 16e place et une 15e place au terme du championnat. Ralf Schumacher a connu lui aussi des débuts difficiles en DTM où il a couru de 2008 à 2012. Après avoir mis un terme à sa carrière en F1, où il s’était tout de même imposé à six reprises, le frère de Michael Schumacher n’a jamais réussi à monter sur le podium au cours de ses trois premières saisons en DTM. Il n’y réussira qu’à partir de la quatrième saison, en 2011, qu’il a terminée pour la première fois parmi les dix premiers avec une 8e place finale.

Les jeunes loups aux dents longues, tels que le Genevois Edoardo Mortara, qui en sera cette année à sa 4e saison consécutive en DTM chez Audi, mènent en effet une vie très dure aux vedettes de F1. Mais, comme cela est souvent le cas en sport automobile, le pilote propose et la mécanique dispose. Après avoir brillé en 2012 avec deux victoires, 82 points et une 5e place au terme du championnat, Edoardo Mortara n’a pas pu faire mieux que 21e avec un total de 3 points en 2013. Après avoir couru pendant trois saisons au sein de l’Audi Sport Team Rosberg, le pilote genevois courra cette année pour l’Audi Sport Team Abt.
 
De g. à dr.: Zoel Amberg, Nico Müller, Fabian Danz et Patrik
Niederhauser. (Photo Laurent Missbauer)
Relevons enfin pour conclure que la soirée du 25 janvier, mise sur pied afin de fêter l’officialisation de la nomination de Nico Müller en tant que pilote officiel Audi pour 2014, s’est déroulée au «Barstreet Festival» de Berne, l’un des partenaires du talentueux pilote de l’Oberland bernois. Plusieurs autres pilotes suisses, qui ont couru cette saison avec Nico Müller dans le cadre des World Series by Renault, avaient également fait le déplacement à Berne à cette occasion, à commencer par Zoel Amberg (Formula Renault 3.5), Fabian Danz (Eurocup Clio) et Patrik Niederhauser. Ce dernier a certes avant tout couru en GP3 et aux 24 Heures du Mans, mais il a également participé à l’ELMS (European Le Mans Series) dont plusieurs épreuves se sont déroulées dans le cadre des World Series by Renault.
 
Nico Müller et Gérard Scheidegger. (Photo Laurent Missbauer)
Last but not least, on relèvera que Nico Müller, parfaitement francophone – «Il parle six langues», nous a confié son père –, bénéficie depuis l’année passée des services de Gérard Scheidegger, l’ancien directeur général du HC Lausanne, pour mener à bien sa carrière. Gérard Scheidegger ne tarit pas d’éloges sur les qualités et le professionnalisme de Nico Müller. Il n’est pas le seul, aussi bien Peter Wyss, co-rédacteur en chef de l’Automobil Revue, que Peter Dätwyler, ancien directeur de la piste de karting indoor Race-Inn et, à ce titre, sponsor de Marcel Fässler, nous ont dit tous les deux le plus grand bien de Nico Müller qui, sous bien des aspects, peut être qualifié de «Mister Perfect». Ce dernier qualificatif, souvent associé à Roger Federer, ne va pourtant pas de soi pour un jeune homme pas encore âgé de 22 ans – il les fêtera le 25 février prochain – tel que Nico Müller. Il s’agit là d’une belle preuve de maturité et de professionnalisme à laquelle les responsables d’Audi n’ont certainement pas été insensibles.

*Le calendrier 2014 du DTM:
4 mai, Hockenheim (Allemagne); 18 mai, Oschersleben (Allemagne); 1er juin, Hungaroring (Hongrie); 29 juin, Norisring (Allemagne); 13 juillet, Moscou (Russie); 3 août, Red Bul Ring Spielberg (Autriche); 17 août, Nürburgring (Allemagne); 14 septembre, Lausitzring (Allemagne); 28 septembre, Guangzhou (Chine); 19 octobre, Hockenheim (Allemagne).

**La Formula Renault 3.5 est la discipline reine des World Series by Renault. Elle s’est imposée ces dernières années comme une référence en matière de détection et de formation des futurs pilotes de Formule 1. Le format de la compétition et les technologies utilisées lui ont conféré un statut que Renault qualifie de «dernière marche avant l’accession à la F1». Ce qui n’est pas faux si l’on tient compte de la promotion cette année du champion 2013 Kevin Magnussen chez McLaren en F1. D’autres pilotes, à l’image de Sebastian Vettel, Romain Grosjean, Sébastien Buemi, Felipe Massa, Lewis Hamilton, Kimi Raikkönen et bien d’autres encore sont passés par la Formula Renault 3.5 ou la Formula Renault 2.0 avant d’arriver au firmament du sport automobile mondial.

Nico Müller en bref

Date et lieu de naissance: le 25 février 1992 à Thoune
Domicile: Blumenstein (BE)
Etat civil: célibataire, vit avec Lara
Taille/poids: 1,85 m/73 kg
Court depuis: 2004 (pilote Audi depuis 2014)
Carrière
2004–2007 Karting
2006 2e au championnat de Suisse de karting (junior)
2007 1er Bridgestone-Kart-Cup (Kategorie KF3)
2008 5e Formule Renault 2.0 en Suisse, 3e Formule Renault 2.0 en Italie, championnat hivernal, meilleur débutant
2009 1er Formule Renault 2.0 en Suisse, 11e Formule Renault Eurocup
2010 3e GP3, meilleur Européen
2011 4e GP3
2012 9e World Series by Renault 3.5
2013 5e World Series by Renault 3.5
2014 DTM (Audi RS 5 DTM)
www.nicomueller.ch
www.facebook.com/NicoMuellerOfficial
Twitter @nico_mueller

mardi 14 janvier 2014

Victoire suisse aux 24 Heures de Dubaï

Les pilotes suisses de l'écurie argovienne Stadler Motorsport sont montés sur la plus haute marche du podium au terme des 24 Heures de Dubaï (Photo 24hseries.com).
Les belles voitures ne manquent pas
à Dubaï. (Photo Laurent Missbauer)
Le célèbre hôtel Burj Al Arab de
Dubaï. (Photo Laurent Missbauer)
Dubaï: sa tour la plus haute du monde, son célèbre hôtel Burj Al Arab, ses palmiers, ses magnifiques voitures de collection et son circuit automobile! Celui-ci a accueilli le week-end dernier la neuvième édition des 24 Heures de Dubaï.
 


Cette toute première épreuve internationale d’endurance de l’année a été remportée par la Porsche 997 GT3 R de l’écurie argovienne Stadler Motorsport confiée aux quatre pilotes suisses alémaniques Adrian Amstutz, Mark Ineichen, Rolf Ineichen et Marcel Matter, ainsi qu’à l’Allemand Christian Engelhart. S’il s’agit de la première victoire de l’écurie helvétique Stadler Motorsport aux 24 Heures de Dubaï, Porsche, en tant que constructeur, s’y est imposé pour la 4e fois après ses victoires en 2008, 2009 et 2010. Mark Ineichen et ses coéquipiers ont bouclé 603 tours soit trois et six de plus que les deux Mercedes SLS AMG GT3 de leurs rivaux les plus dangereux, classés respectivement 2e et 3e sur un total de 77 équipages au départ.
 
La Porsche suisse franchit victorieusement la ligne d'arrivée
au terme des 24 Heures de Dubaï. (Photo 24hseries.com)
A l'arrivée, Rolf Ineichen ne cachait pas sa joie: «La course a été parfaite et notre Porsche a tourné comme une montre suisse. Malgré l'important trafic et certains dépassements qui ont été très chauds, nous avons réussi à nous imposer sans la moindre égratignure sur la carrosserie! Toute l'équipe a vraiment réalisé un formidable travail.»

Au niveau romand, on relèvera la 11e place au classement général du Vaudois Fabien Thuner, (le fils de l'ex-pilote Bernard Thuner) au volant d’une Porsche 997 GT3 R de l’écurie Attempto pour laquelle il a couru en 2013 en Carrera Cup. Associé aux Allemands Jürgen Häring, Dimitros Konstantinou, Tim Müller et Dominic Jöst, Fabien Thuner a vécu une très belle expérience.


Fabien Thuner, 11e aux 24 Heures de
Dubaï sur une Porsche 997 GT3 R.
(Photos fabienthuner.ch)
Fabien Thuner a participé pour la
première fois à une course de 24 heures.
«Notre voiture n'ayant pas les évolutions 2013, il nous a été difficile de rivaliser avec les autres GT3», a expliqué Fabien Thuner. «J’ai eu néanmoins beaucoup de plaisir. J'ai tout d’abord pris le volant au début de la nuit, puis à 3 heures du matin, ainsi qu’à 6 heures avec un lever du soleil qui était tout simplement magique. Mes relais de nuit ont été superbes et j'ai rendu la voiture à chaque fois en 7e position.»

Avec l'important trafic et les nombreux dépassements, les freins de la Porsche 997 GT3 R allaient cependant être mis à rude épreuve. «Après avoir repris le volant pour mon quatrième relais, à 10 heures du matin, je n’ai pas pu éviter une sortie de piste vers 11h30», poursuivait Fabien Thuner.

«Les plaquettes de freins avaient beaucoup souffert et leur changement dans l’urgence nous a finalement relégués à la 11e place. J'ai eu la chance de vivre cette expérience de 24 Heures et, c'est certain, il y en aura encore d’autres dans le futur! Pour ce qui est de ma saison 2014, rien n'a encore été signé pour le moment. Des nouvelles vont cependant arriver sous peu», concluait Fabien Thuner.

Texte: Laurent Missbauer
Photos: Laurent Missbauer, 24hseries.com, fabienthuner.ch et Mercedes-Benz AG

lundi 6 janvier 2014

Neel Jani, Porsche-Werksfahrer aus Jens bei Biel: "Ich bin überglücklich!"

2014 wird für Neel Jani ein sehr wichtiges Jahr sein. Der neue Schweizer Porsche-Werksfahrer spricht über seine neue Herausforderung.

Text: Laurent Missbauer

Neel Jani, Porsche-Werksfahrer aus Jens bei Biel. (Foto Laurent Missbauer)
Neel Jani, 2014 werden Sie in der Sportwagen-Weltmeisterschaft und bei den 24 Stunden von Le Mans den neuen Porsche LMP1-Rennwagen fahren. Wie fühlt man sich als Porsche-Werkspilot?Neel Jani: «Überglücklich! Für Porsche in der WEC (Anm. der Red.: World Endurance Championship) und bei den 24 Stunden von Le Mans zu starten, ist die Erfüllung eines Traums. Porsche ist im Bereich Sportwagen mit keiner anderen Marke vergleichbar und ich bin stolz, nun ein Teil des Porsche-Werksteams zu sein. Mein Ziel ist es, innerhalb der nächsten Jahre die 24 Stunden von Le Mans zu gewinnen und den Weltmeistertitel in der WEC mit Porsche zu holen. Ich möchte nicht nur an die erfolgreiche Geschichte von Porsche anknüpfen, sondern einen neuen Teil davon schreiben. Porsche ist einfach Porsche! Mit dem LMP1 geht es um den Gesamtsieg, das hat für mich eine sehr grosse Bedeutung. Es ist fast eine einmalige Chance, bei einem neuen LMP1-Projekt von Anfang an dabei zu sein. Es ist ein grosse Ehre, für Porsche in Le Mans zu fahren.»

Jo Siffert. (Foto Archiv)

Neel Jani, Porsche-Werksfahrer.
(Foto Porsche AG)
Ein Schweizer fährt in Le Mans für Porsche, da kommen Erinnerungen auf…«Ja, es ist historisch bedeutsam, wenn man bedenkt, dass schon Jo Siffert und Herbert Müller in den Siebziger Jahren für Porsche die fantastischen 917 gefahren sind. Es ist wirklich eine grosse Ehre, solchen Namen nachzufolgen.»

Herbert Müller. (Foto Archiv)
Was bedeutet Porsche für Sie?
«Porsche steht für Höchstleistung und Performance. Im Laufe der Jahre vereinte die Marke jedoch sehr gut Sportlichkeit und Luxus, da es eine echte Nachfrage gab. Die Porsche die ich am meistens mag, sind aber die echten Rennsportwagen wie der 911 GT3 RS. Als ich 2008, auf Einladung der Porsche AG, im Rahmen des Grand Prix von Deutschland, meine Premiere im Supercup feierte, durfte ich vorher zwei Wochen lang einen 911 GT3 RS fahren. Ich genoss ihn wirklich!»

2008 fuhren Sie auch zum ersten Mal einen Porsche Sport-Prototyp?
«Ja, ich durfte im Magny-Cours den Porsche RS Spyder von Fredy Lienhard testen. Ich habe sehr gute Erinnerungen an diesem wunderschönen Porsche. 2009 fuhr ich ihn nochmals an der Bergprüfung in Altbüron, Kanton Luzern.»

Die Liebesgeschichte zwischen Neel Jani und Porsche ist also nicht von heute?
«Die hat vor mehr als 25 Jahre angefangen! Mein Vater hatte ja einen tollen 911 2.7 RS. Leider musste er ihn verkaufen, um meine Rennkarriere zu finanzieren. Dann kaufte er sich einen roten 944 S2 Cabriolet. Dieses Auto ist noch heute sehr schön und wird meistens von meiner Schwester Reena gefahren.»

Ihre Premiere im Carrera Supercup, im Rahmen des Grand Prix von Deutschland von 2008, war eine grosse Herausforderung…
«Das Niveau war sehr hoch und es brauchte eine Menge 911er-Erfahrung, um mit den besten Porsche-Spezialisten mitzuhalten. Diese 911er-Erfahrung hatte ich nicht. Ich qualifizierte mich im Mittelfeld und wurde in der ersten Runde abgeschossen. Ich wurde dann Letzter und die einzige gute Erinnerung war, dass ich, dank vieler Überholmanöver, sehr schnell einige Plätze gut machte. Tatsächlich gab es eine weitere gute Erinnerung. Wie schon erwänht, durfte ich vorher einen 911 GT3 RS zwei Wochen lang fahren. Er hatte enorme Power und lass sich überraschend präzise steuern. Ein Sportgerät im besten Sinne!»

Unter Ihrem heutigen Porsche-Teamkollegen kennen Sie Timo Bernhard am bestens…«Ja, ich kannte ihn schon, als er 1999 den 3. Rang in der deutschen Formel Ford Meisterschaft für das Team von Andreas Jenzer holte. Jenzer Motorsport befindet sich ja in Lyss, also nicht sehr weit von meinem Domizil am Bielersee. Ich selber fuhr für Andreas Jenzer. 2002 wurden wir Vize-Europameister in der Formel Renault 2000 und in der darauffolgenden Saison wurden wir Vize-Europameister in der Formel Renault V6.»

Neel Jani am Lenkrad des Porsche 919
Hybrid LMP1. (Foto Porsche AG)
Sind Sie eigentlich verheiratet?«Nein, aber ich habe seit langer Zeit eine Freundin. Sie kommt aus Indianapolis und ich habe sie kennengelernt, als ich in der Formel 1 Freitagsfahrer war.»Laurent Missbauer
Jo Siffert. (Archiv)
Herbert Müller. (Archiv)
Jo Siffert und Herbert Müller waren beide
Porsche 917-Werksfahrer. (Archiv)

samedi 4 janvier 2014

L’œuvre d’Hergé est un sujet inépuisable



Dominique Maricq, archiviste et auteur aux Studios Hergé,
lors de sa conférence à Vevey. (Photo Laurent Missbauer)
A quelques jours du 85e anniversaire de Tintin – dont les premières aventures ont été publiées le 10 janvier 1929 – Dominique Maricq, l’un des meilleurs connaisseurs de l’œuvre d’Hergé, nous apporte un nouvel éclairage sur «la longue histoire d’amour» entre la Suisse et Georges Remi, le père de Tintin.

Archiviste et auteur aux Studios Hergé à Bruxelles, Dominique Maricq a écrit de nombreux livres* sur Hergé. Lors de sa conférence sur Hergé et la Suisse, qui avait marqué l’automne dernier le finissage de l’exposition Lemancolia au Musée Jenisch de Vevey, il a notamment relevé que l’œuvre d’Hergé constituait «un sujet inépuisable».

Dominique Maricq, vous avez dit à Vevey «qu’on n’en avait jamais fini avec Hergé». Comment l’expliquez-vous?
Hergé a été l’un des plus grands artistes du XXe siècle. Tout le monde, ou presque, le sait et ses dessins ont été exposés dans des musées d’art comme le Centre national d’art de culture Pompidou à Paris ou le Musée Jenisch de Vevey où quelques-unes des planches les plus significatives de L’Affaire Tournesol ont côtoyé les tableaux de Courbet, Duchamp, Turner… Nombreux sont cependant ceux qui ignorent qu’Hergé maniait aussi bien la plume que le pinceau. Il n’était ni poète, ni écrivain, ni romancier, mais il était un peu de tout cela à la fois et appliquait à son écriture les mêmes exigences que celles qu’il déployait quand il s’agissait de dessiner ou de peindre. On est confondu devant les milliers de lettres qu’il a rédigées dans le cadre de sa vie professionnelle, mais aussi en relation avec sa vie sentimentale, affective et sociale.

Lors de votre conférence, vous avez justement montré une lettre qu’Hergé avait écrite à Gland où il séjourna plusieurs fois. Quel a été le rôle de la Suisse dans l’œuvre d’Hergé?
Il a été très important car il est sans cesse revenu en Suisse. Il y a en outre noué de solides amitiés. Et pas seulement dans le cadre de ses relations professionnelles avec l’Echo Illustré qui a publié ses dessins à partir de 1932. Il s’est par exemple lié d’amitié avec des particuliers à une période où il n’allait vraiment pas bien et il n’est pas anodin de le signaler car Hergé ne s’ouvrait pas facilement à des gens qu’il ne connaissait pas. Je suis convaincu qu’il reste encore beaucoup de choses à écrire et à découvrir sur Hergé et la Suisse.

Quelle est justement votre dernière découverte à ce sujet?
C’est celle qui a trait à une seconde mise à l’index de Tintin en Suisse en 1955. Si la première, prononcée en 1953 par l’Etat de Vaud qui avait taxé Tintin de «littérature immorale», est désormais connue, il en va différemment pour celle émanant de Suisse alémanique et datée du 20 octobre 1955. Elle qualifiait les bandes dessinées de «peste internationale». Cette aversion des bandes dessinées n’était cependant pas propre à la Suisse. Des phénomènes similaires ont également été observés à la même époque en France et au Québec.

A propos de découvertes, comment avez-vous trouvé l’exposition Lemancolia à Vevey?
Dominique Maricq (à dr.) en compagnie de Dominique
Radrizzani, commissaire de l'exposition Lemancolia au
Musée Jenisch de Vevey. (Photo Laurent Missbauer)
J’ai découvert une exposition d’une intelligence et d’une clairvoyance remarquable. Dominique Radrizzani, le commissaire de l’exposition, a un grand sens de l’art pictural et a très bien réussi à réunir toutes les déclinaisons du lac Léman, de la plénitude à la mélancolie. Le Léman n’est vraiment pas un lac comme les autres. Son attrait est tel que je ne m’étonne pas qu’Hergé se soit rendu aussi souvent sur ses rives. Pour moi, qui me suis déplacé pour la première fois dans votre beau pays, cela restera une très belle découverte. Tout aussi belle a été la mise en parallèle au Musée Jenisch des découpures de Jean Huber avec la case de L’Affaire Tournesol où Tintin et le capitaine Haddock quittent leur embarcation et accostent de nuit sous un saule pleureur. La mise en parallèle du tableau La Mise au tombeau de Simon Vouet avec la couverture de L’Affaire Tournesol a également été très intéressante.

L’Affaire Tournesol est donc bien un album à part dans l’œuvre d’Hergé…
Absolument! Il reflète en outre parfaitement le formidable potentiel graphique d’Hergé. Tout, depuis la couverture jusqu’à la dernière page, témoigne de la grande maturité acquise par Hergé au niveau du scénario. En un coup de tonnerre, on passe du calme de la campagne belge à des aventures pleines de rebondissements sur les rives du Léman et le fil rouge de l’intrigue témoigne d’une précision digne des meilleures montres suisses!    Textes et photos Laurent Missbauer

(Encadré 1)
 Le plongeon du taxi de Tintin
C'est sur la quatrième couverture du livre Lemancolia que figure
le célèbre plongeon du taxi de Tintin et du capitaine Haddock
dans le lac Léman. (Photo Laurent Missbauer)
Le grand souci du détail apporté au scénario de ses albums constitue une des marques de fabrique d’Hergé. Un autre point fort d’Hergé, selon Dominique Radrizzani, commissaire de l’exposition Lemancolia, réside dans son travail préparatoire: «Les extraordinaires crayonnés de L’Affaire Tournesol que nous avons présentés à Vevey montrent parfaitement quels bouillonnements graphiques et foisonnements de traits précèdent et sous-tendent chez Hergé la proverbiale justesse du dessin.» Ce n’est pas là le moindre des mérites de cette exposition dont la pérennité est assurée par le magnifique livre Lemancolia, traité artistique du Léman paru aux Editions Noir sur Blanc. Celui-ci ne présente pas seulement les crayonnés évoqués ci-dessus mais sa quatrième couverture est entièrement dédiée à la fameuse case de L’Affaire Tournesol où le taxi de Tintin et du capitaine Haddock plonge dans le lac Léman. «C’est à Tintin, incontestablement, que le Léman doit l’une de ses plus belles aventures artistiques», estime Dominique Radrizzani. LM

(Encadré 2)
Fanny et Nick Rodwell ont visité Lemancolia
Fanny Rodwell et son mari
Nick. (Photo Laurent Missbauer)
«Fanny et Nick Rodwell (Ndlr.: respectivement présidente et administrateur délégué de la société Moulinsart qui gère les droits de l’œuvre d’Hergé) sont venus cet été au Musée Jenisch de Vevey», relève Dominique Radrizzani, le commissaire de l’exposition Lemancolia. «Ils ont beaucoup apprécié l’exposition, notamment les œuvres de Kokoschka, Turner et Balthus. Ce dernier connaissait par ailleurs très bien Tintin. Il m’avait raconté qu’il avait passé toute une nuit à relire les albums de Tintin en compagnie d’Alberto Giacometti.» A ce sujet, Balthus confia ce qui suit à Dominique Radrizzani: «Plus Alberto et moi entrions dans les dessins, plus nous étions émerveillés et plus nous nous amusions…» Et en guise de conclusion, Balthus lui déclara ce qui suit: «Tintin? Je le préfère à Matisse, c’est aussi simplifié, mais c’est plus amusant!» LM 


* Nota bene: Dominique Maricq est notamment l’auteur des livres «Hergé par lui-même», «Hergé côté jardin, un dessinateur à la campagne», «Les trésors de Tintin», «Cinq timbres à la Lune» et «Tintin et la ville».
Voici quelques-uns des livres de Dominique
Maricq. (Photo Laurent Missbauer)