VEVEY Le finissage
de l’exposition Lemancolia au Musée Jenisch a été le théâtre de la conférence
de l’archiviste des Studios Hergé qui a évoqué la «grande histoire d’amour»
entre le père de Tintin et la Suisse.
C’est en beauté qu’a pris
fin le 13 octobre l’exposition Lemancolia
présentée au Musée Jenisch et conçue par son ancien directeur Dominique
Radrizzani. Son finissage a en effet été le théâtre d’une conférence de
Dominique Maricq, archiviste et auteur aux Studios Hergé à Bruxelles. Intitulée
«De Moulinsart au lac Léman, Hergé et la Suisse une grande histoire d’amour»,
cette conférence a permis de saisir l’importance des liens qui unissaient le
créateur de Tintin à notre région. Elle a aussi apporté un nouvel éclairage sur
les raisons qui ont incité le Musée Jenisch à exposer les planches les plus significatives
de L’Affaire Tournesol au milieu des
œuvres de Courbet, Hodler et Turner.
«L’album L’Affaire Tournesol, qui emmène Tintin en
Suisse, reflète parfaitement le formidable potentiel graphique d’Hergé», relève
Dominique Maricq. «Tout, depuis la couverture jusqu’à la dernière page,
témoigne de la grande maturité acquise par Hergé au niveau du scénario. En un
coup de tonnerre, on passe du calme de la campagne belge à des aventures pleines
de rebondissements sur les rives du Léman. Le fil rouge de l’intrigue est cousu
main et témoigne d’une précision digne des meilleures montres suisses!»
«Un travail d’horlogerie»
Hergé a en effet toujours accordé
une grande importance à la construction de ses récits. Dans un des nombreux
ouvrages écrits par Dominique Maricq, le père de Tintin expliquait d’ailleurs ce
qui suit: «Un album, c’est un travail d’horlogerie réalisé en deux ans par un
bénédictin! Mon premier travail est le synopsis. C’est également le plus
difficile car il faut raconter en soixante pages ce que l’on a envie de dire en
quatre-vingts…»
Une autre force d’Hergé,
selon Dominique Radrizzani, le commissaire de l’exposition Lemancolia qui estime
que «c’est à Tintin, incontestablement, que le Léman doit l’une de ses plus
belles aventures artistiques», réside dans son travail préparatoire: «Les
extraordinaires crayonnés de «L’Affaire Tournesol» que nous avons présentés à
Vevey montrent parfaitement quels bouillonnements graphiques et foisonnements
de traits précèdent chez Hergé la proverbiale justesse du dessin.» Ce n’est pas
là le moindre des mérites de cette exposition dont la pérennité est assurée par
le magnifique livre Lemancolia, Traité artistique
du Léman paru aux Editions Noir sur Blanc. Celui-ci ne présente pas seulement
les crayonnés d’Hergé mais sa quatrième
couverture est entièrement dédiée à la fameuse case de L’Affaire Tournesol où le taxi de Tintin plonge dans le Léman.
L’attrait du Léman sur Hergé
Dominique Maricq ne tarit
pas d’éloges sur l’exposition Lemancolia:
«J’ai découvert à Vevey une exposition d’une intelligence remarquable.
Dominique Radrizzani a un grand sens de l’art pictural et a très bien réussi à
réunir toutes les déclinaisons du lac Léman, de la plénitude à la mélancolie.
Le Léman n’est vraiment pas un lac comme les autres. Son attrait est tel que je
ne m’étonne pas qu’Hergé se soit rendu aussi souvent sur ses rives. Pour moi,
qui me suis déplacé pour la première fois dans votre si beau pays, cela reste
une belle découverte et un magnifique souvenir.»
Texte et photo Laurent Missbauer
Texte et photo Laurent Missbauer
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