mardi 10 décembre 2013

Hergé et la Suisse: des liens très étroits



VEVEY Le finissage de l’exposition Lemancolia au Musée Jenisch a été le théâtre de la conférence de l’archiviste des Studios Hergé qui a évoqué la «grande histoire d’amour» entre le père de Tintin et la Suisse.
C’est en beauté qu’a pris fin le 13 octobre l’exposition Lemancolia présentée au Musée Jenisch et conçue par son ancien directeur Dominique Radrizzani. Son finissage a en effet été le théâtre d’une conférence de Dominique Maricq, archiviste et auteur aux Studios Hergé à Bruxelles. Intitulée «De Moulinsart au lac Léman, Hergé et la Suisse une grande histoire d’amour», cette conférence a permis de saisir l’importance des liens qui unissaient le créateur de Tintin à notre région. Elle a aussi apporté un nouvel éclairage sur les raisons qui ont incité le Musée Jenisch à exposer les planches les plus significatives de L’Affaire Tournesol au milieu des œuvres de Courbet, Hodler et Turner.

«L’album L’Affaire Tournesol, qui emmène Tintin en Suisse, reflète parfaitement le formidable potentiel graphique d’Hergé», relève Dominique Maricq. «Tout, depuis la couverture jusqu’à la dernière page, témoigne de la grande maturité acquise par Hergé au niveau du scénario. En un coup de tonnerre, on passe du calme de la campagne belge à des aventures pleines de rebondissements sur les rives du Léman. Le fil rouge de l’intrigue est cousu main et témoigne d’une précision digne des meilleures montres suisses!»

«Un travail d’horlogerie»
Hergé a en effet toujours accordé une grande importance à la construction de ses récits. Dans un des nombreux ouvrages écrits par Dominique Maricq, le père de Tintin expliquait d’ailleurs ce qui suit: «Un album, c’est un travail d’horlogerie réalisé en deux ans par un bénédictin! Mon premier travail est le synopsis. C’est également le plus difficile car il faut raconter en soixante pages ce que l’on a envie de dire en quatre-vingts…»

Une autre force d’Hergé, selon Dominique Radrizzani, le commissaire de l’exposition Lemancolia qui estime que «c’est à Tintin, incontestablement, que le Léman doit l’une de ses plus belles aventures artistiques», réside dans son travail préparatoire: «Les extraordinaires crayonnés de «L’Affaire Tournesol» que nous avons présentés à Vevey montrent parfaitement quels bouillonnements graphiques et foisonnements de traits précèdent chez Hergé la proverbiale justesse du dessin.» Ce n’est pas là le moindre des mérites de cette exposition dont la pérennité est assurée par le magnifique livre Lemancolia, Traité artistique du Léman paru aux Editions Noir sur Blanc. Celui-ci ne présente pas seulement les crayonnés dHergé mais sa quatrième couverture est entièrement dédiée à la fameuse case de L’Affaire Tournesol où le taxi de Tintin plonge dans le Léman.

L’attrait du Léman sur Hergé
Dominique Maricq ne tarit pas d’éloges sur l’exposition Lemancolia: «J’ai découvert à Vevey une exposition d’une intelligence remarquable. Dominique Radrizzani a un grand sens de l’art pictural et a très bien réussi à réunir toutes les déclinaisons du lac Léman, de la plénitude à la mélancolie. Le Léman n’est vraiment pas un lac comme les autres. Son attrait est tel que je ne m’étonne pas qu’Hergé se soit rendu aussi souvent sur ses rives. Pour moi, qui me suis déplacé pour la première fois dans votre si beau pays, cela reste une belle découverte et un magnifique souvenir.»
Texte et photo Laurent Missbauer

Dominique Radrizzani (à g.) et Dominique Maricq devant les planches de L’Affaire Tournesol exposées au Musée Jenisch. Laurent Missbauer

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