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Neel Jani. (Photo Porsche AG) |
Neel
Jani, pilote d’usine Porsche
Sur les traces de Jo
Siffert et d’Herbert Müller
Laurent
Missbauer
Qu’ont en commun Jo
Siffert, Herbert Müller et Neel Jani? Ce sont trois des rares Suisses pilotes d’usine
Porsche. Le dernier nommé fait officiellement partie des pilotes officiels de Stuttgart-Zuffenhausen depuis le 1er juillet. Le 3 juillet, Neel
Jani, ancien pilote d’essai en F1 chez Sauber, Toro Rosso et Red Bull, nous a
accordé une interview exclusive sur les rives du lac de Bienne, non loin de son
domicile. Nous publions cet article sur ce blog à l'occasion du 30e anniversaire que Neel Jani a fêté le 8 décembre.
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Neel Jani: "Pour moi, Porsche est synonyme de voitures
sportives par excellence." (Photo Laurent Missbauer)
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En 2014, vous piloterez la
toute nouvelle Porsche-LMP1 dans le championnat du monde d’endurance, catégorie
dont les 24 Heures du Mans représentent le rendez-vous le plus important de la
saison. Comment se sent-on en tant que pilote d’usine Porsche?
On
se sent magnifiquement bien! La perspective de disputer avec Porsche le WEC (Ndlr:
World Endurance Championship, à savoir le championnat du monde d’endurance) et
les 24 Heures du Mans constitue la concrétisation d’un magnifique rêve. Porsche
bénéficie d’un palmarès incomparable dans la catégorie des voitures de sport et
je suis particulièrement fier de faire partie de son équipe d’usine. Mon but,
au cours de ces prochaines années, est de gagner les 24 Heures du Mans et de
faire en sorte que Porsche remporte le titre mondial dans le WEC. Développer un
nouveau prototype LMP1 depuis ses débuts constitue une chance unique et c’est
un très grand honneur pour moi de pouvoir disputer les 24 Heures du Mans avec
Porsche.
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Jo Siffert et Herbert Müller ont piloté
tous les deux des 917. (Archives)
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Jo Siffert. (Archives) |
Un pilote suisse incorporé
au sein de l’équipe d’usine Porsche au Mans, cela renvoie forcément à
quelques-unes des plus belles pages du sport automobile helvétiques écrites par
Jo Siffert et Herbert Müller, non?
Tout
à fait. Aussi bien Jo Siffert qu’Herbert Müller ont fait partie dans les années
70 de l’équipe d’usine qui engageait aux 24 Heures du Mans les fabuleuses
Porsche 917. C’est un immense honneur pour moi de courir au sein d’une écurie
officielle qui a été associée par le passé à tant de grands noms du sport
automobile.
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Herbert Müller. (Archives) |
Que représente Porsche pour
vous?
Porsche
est synonyme de voitures sportives par excellence. Avec les années, la marque a
toutefois très bien su allier la sportivité qui fait partie de son ADN à une
certaine forme de luxe ou d’embourgeoisement afin de répondre à la demande
d’une partie non négligeable de sa clientèle. Mais ce qui est fantastique pour
moi, c’est que des sportives pures et dures ont toujours été présentes dans la gamme.
En 2008, quand Porsche m’avait invité à courir en Supercup, en ouverture du
Grand-Prix d’Allemagne de F1, on m’avait prêté pendant deux semaines une 911
GT3 RS orange que j’avais adorée. C’était certes une sportive pure et dure,
mais elle était néanmoins utilisable au quotidien.
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Neel Jani: "La 911 GT3 RS est une
sportive pure et dure. J'ai été ravi de
la conduire." (Photo Porsche AG) |
C’est également en 2008 que
vous aviez piloté pour la première fois le prototype Porsche RS Spyder,
n’est-ce pas?
Oui,
j’avais pu effectuer deux jours d’essais privés à Magny-Cours au volant de la
Porsche RS Spyder de Fredy Lienhard qui n’avait pas manqué de m’aider au début
de ma carrière. Je garde un très bon souvenir de cette voiture que j’ai pu
piloter encore une fois, en 2009, lors de la course de côte d’Altbüron dans le
canton de Lucerne.
L’histoire d’amour entre vous
et Porsche ne date donc pas de cette année…
Non,
elle remonte même à plus de 25 ans car mon père a été l’heureux propriétaire
d’une magnifique 911 2.7 RS de 1973. Il a certes dû la vendre pour financer le
début de ma carrière mais, par la suite, il s’est acheté une autre Porsche, en
l’occurence une très belle 944 S2 Cabriolet rouge. Aujourd’hui, c’est ma sœur
Reena qui l’utilise le plus souvent. Tout comme mon père, ma sœur a tâté elle
aussi de la compétition automobile au niveau suisse.
Votre expérience au sein de
la Porsche Supercup en ouverture du Grand-Prix d’Allemagne de 2008 n’a pas
laissé de grands souvenirs…
Oui,
le niveau de la Supercup est très élevé et il faut avoir une grande expérience
du pilotage d’une voiture avec beaucoup de poids à l’arrière pour pouvoir
véritablement tirer son épingle du jeu. Comme je ne m’étais qualifié qu’en
milieu de grille, au milieu d’un peloton de furieux, j’ai eu la malchance de me
faire sortir en début de course par un autre concurrent. Je me suis retrouvé en
dernière position et le seul bon souvenir que je garderai de cette expérience
est que j’avais effectué une très belle remontée avec beaucoup de dépassements.
En fait, il y a eu un autre bon souvenir lié à cette expérience, c’est celui
d’avoir pu rouler deux semaines avant la course avec la 911 GT3 RS précédemment
évoquée! Elle était d’une efficacité redoutable!
Parmi vos coéquipiers
actuels chez Porsche, Timo Bernhard est celui que vous connaissez depuis le
plus longtemps, non?
Effectivement,
je le connais depuis qu’il courait en formule Ford pour l’écurie suisse
d’Andreas Jenzer qui est basée à Lyss et qui, par conséquent, est très proche
de mon domicile. Au sein du Jenzer Motorsport, Timo Bernhard s’était illustré
en 1999 en terminant au 3e rang du championnat d’Allemagne de
formule Ford 1800. J’ai moi aussi couru pour Andreas Jenzer avec qui j’ai
terminé vice-champion d’Europe en Formule Renault 2.0 en 2002 et à nouveau vice-champion
d’Europe en 2003, mais cette fois-ci en Formule Renault V6.
Un dernier mot enfin sur
votre vie privée, êtes-vous marié?
Non,
mais j’ai une amie depuis longtemps. Elle vient d’Indianapolis et j’ai fait sa
connaissance lorsque je courais les vendredis en F1.
(Encadré
1)
Un concert de louanges
Neel
Jani bénéficie d’une excellente réputation. Voici ce que l’on a pu lire à son
sujet: «Neel Jani a beaucoup de talent. Il est actuellement un des meilleurs
pilotes en endurance», estime Wolfgang Hatz, membre de la direction de Porsche
en charge de la recherche et du développement.
«Neel
Jani est non seulement particulièrement rapide, mais il est également au
bénéfice d’une très grande expérience des courses d’endurance dans le monde
entier. Il a participé à cinq reprises aux 24 Heures du Mans et c’est quelqu’un
qui sait parfaitement se mettre au service d’une équipe. C’est exactement le
pilote qu’il nous fallait», ajoute Fritz Enzinger, le responsable du
développement du programme LMP1 chez Porsche.
Romain
Dumas, qui habite désormais à Arzier dans le canton de Vaud et qui adore passer
ses vacances de ski en Valais, à Crans-Montana, est lui aussi élogieux: «Neel
Jani est un pilote qui a de nombreuses qualités. Son approche est excellente et
il a par ailleurs l’avantage de faire la même taille que Timo Bernhard et moi,
ce qui facilite les enchaînements lors des séances d’essais que nous effectuons
avec la LMP1.» Laurent Missbauer
(Encadré
2)
Un des pilotes d’endurance les
plus rapides
Neel
Jani est né le 8 décembre 1983 à Rorschach dans le canton de St-Gall. Son nom
de famille, tout comme son père, est d’origine indienne. Après avoir débuté en
karting à l’âge de 12 ans, Neel Jani a effectué ses premiers tours de roue en
monoplace à 16 ans. Vice-champion d’Europe de Formule Renault 2.0 en 2002, puis
vice-champion d’Europe en 2003 en Formule Renault V6, il a été recruté en tant
que pilote d’essais chez Sauber en 2003 et en 2004. En 2005, il remporte deux
victoire en GP2, l’anti-chambre de la F1, sur l’Hungaroring et à Monza. Pendant
la saison hivernale 2005/2006, il permet à la Suisse de terminer 2e
dans le championnat A1GP-Serie. En 2006, il est engagé en F1 chez Toro Rosso en
tant que 3e pilote et participe ainsi aux essais du vendredi à tous
les grands-prix. En 2007, il dispute aux Etats-Unis la série Champcar et monte
à trois reprises sur le podium. Pendant la saison hivernale 2007/2008, il
remporte quatre victoires en A1GP et décroche le titre. L’année suivante, toujours
en A1GP, il doit cependant se contenter de la 2e place. Même s’il
est toujours sous contrat avec Red Bull et qu’il a effectué plusieurs essais et
démonstrations au volant d’une Red Bull F1, notamment en Inde et en Afrique du
Sud, Neel Jani commence à se spécialiser dans les courses d’endurance. Il
débute en 2009 aux 24 Heures du Mans au sein de l’écurie suisse Speedy Racing
qui prend ensuite le nom de Rebellion. Au cours de ses cinq participations aux
24 Heures du Mans, il s’illustre rapidement comme un des pilotes privés les
plus rapides derrière les Audi, Peugeot et autres Toyota officielles. Son
meilleur résultat au Mans date de 2012. Avec sa Lola Rebellion dont il partage
le volant avec Nick Heidfeld et Nicolas Prost, il termine en effet 4e
au classement général et 1er des voitures à essence derrière les
trois Audi diesel officielles. Il finit la saison en beauté en s’imposant,
toujours au volant de la Lola Rebellion, à la course américaine de Petit Le
Mans avec Andrea Bellichi et Nicolas Prost, lequel n’est autre que le fils
d’Alain Prost quatre fois champion du monde de F1, dont deux fois (1985 et 1986)
avec un moteur TAG-Porsche. Laurent Missbauer